Allez hop, j'y vais fort avec ce nouvel article, puisque j’ai envie d’aborder un sujet ô combien clivant : l’alimentation. Alors, peut-être pas si clivant pour vous, yogis (de près ou de loin) qui lisez cet article. Mais désormais c’est un fait : l’alimentation est éminemment politique (voir l’excellent podcast du Monde : le jambon-beurre est-il de droite ?).

Mais d’abord, laissez-moi remettre dans le contexte : j’ai été élevée à grands coups de repas chez Quick les mercredis midis, de pâté croûte, j’ai travaillé quelques mois quand j’avais 16 ans dans un Kébab (oui oui lol), puis à Courtepaille, et enfin…. mon père est chasseur (bon heureusement, il chasse surtout les champignons). Je me rappelle même avoir fait le régime Dukan quand j’avais la vingtaine, qui consistait à se nourrir quasi exclusivement de viande / protéines animales (plus que des kilos - qu'en plus je n'avais pas du tout besoin de perdre - j’ai surtout perdu les sous que je n’avais pas, régime beaucoup trop cher quand on est étudiante, je vous le déconseille ^^). Bref, la viande était partout autour de moi, même si au fond … je n’en avais jamais été plus fan que ça.
Et puis, petit à petit, un éveil a commencé à se faire en moi. En 2017, j’ai fait ma formation de prof de yoga, pendant laquelle nous avons étudié les Yamas, qui nous rappellent que l’un des premiers fondements du Yoga est ahimsa, le principe de non-violence. Que ce principe s’applique à tous les êtres, humains ou non humains, et aussi bien sûr à la Terre. La petite graine (de chia) était plantée.

En Inde, environ 35% des habitants sont végétariens. Selon l'ayurveda, la médecine traditionnelle indienne, on tend vers une alimentation sattvique (pure, saine), c'est-à-dire non transformée, riche en fruits, légumes, céréales, légumineuses. La viande, elle, fait partie des aliments tamasiques, qui augmentent le Kapha et la léthargie, l’ignorance, l’apathie et l’augmentation du sommeil (rien que ça).
Et je ne sais pas pour vous, mais il est vrai que je me sens beaucoup en forme pour pratiquer après avoir mangé des aliments frais et légers, plutôt qu’une grosse entrecôte.
Pour autant, je n’ai pas eu envie d’arrêter du jour au lendemain de manière définitive la viande. Par convention sociale surtout, ou pour ne pas “compliquer” quand j’étais invitée chez des gens. Pendant plusieurs années, je suis restée dans cette définition confortable et pas trop engageante de “flexitarienne”, et cela me convenait finalement très bien.
Puis début 2019, j’ai lu un livre qui allait bouleverser ma vie de bien des manières ; Comment tout peut s’effondrer, de Pablo Servigne. Bon, je vous épargne les détails peu réjouissants de cette lecture (qui m’a juste légèrement traumatisée pendant plusieurs mois), mais en gros le constat était le suivant : c’est la merde. A tous les niveaux.
Et moi de me sentir si impuissante face à tous ces effondrements potentiels (mais probables). S’en est suivi une petite dépressiounette quand même, avec grosse remise en question de plusieurs de mes habitudes : réduire drastiquement l’avion, limiter mes déchets, et clairement … repenser ma manière de me nourrir. Car pour moi, il se joue un enjeu crucial dans la manière dont je dépense mon argent au quotidien, et à travers ce que je consomme, se trouvent les valeurs que je veux porter. En parallèle, la dissonance entre “j’aime vraiment beaucoup les animaux” et “je les mange” commençait à me mettre de plus de plus mal à l’aise, et je sentais bien qu’il y avait là quelque chose qui ne tournait pas rond.

J’ai alors regardé de nombreux reportages (je ne reviendrai pas ici sur leurs chiffres édifiants), sur les conditions d’élevage, sur l’impact au niveau de la planète, et les remises en question au niveau de la santé, et j’ai pris l’une des premières décisions radicales de ma vie : je devenais végétarienne !
Je crois que cela a été doublement bénéfique, car en plus de me sentir alignée avec mes valeurs, j’arrivais enfin à m’affirmer devant mes amis ou ma famille, et c’était quelque chose d’assez nouveau pour moi ! Et fort heureusement, je n’ai pas eu à subir moqueries ou petites réflexions assassines lors des repas, même si mon frère oublie régulièrement que je suis végétarienne et me propose du saucisson 😂.
Mais revenons-en au lien avec le yoga : après tout, ce que l’on travaille sur le tapis… c’est la conscience. Le fait sentir son propre corps, son souffle, la vie qui circule en nous lorsque nous pratiquons, de se relier à ce qui est palpable, à la matière, mais aussi ce qui est plus grand que nous, à cette notion de Tout. C’est aussi cette invitation à développer notre compassion (karuna), la non-violence (ahimsa) envers nous-même sur le tapis, et à fortiori en dehors du tapis. C’est peut-être tout cela qui, petit à petit, fait germer des envies de graines aux yogis ?
En tous cas, qui nous reconnecte avec l’envers du décor de ce que cela veut dire, manger de la viande… Car je me rendais bien compte que je n’aurais JAMAIS été capable de tuer un animal de mes propres mains, et à partir de là…pouvais-je vraiment être alignée avec le fait d’en manger malgré tout ? N’était-ce pas un poil … hypocrite :/ ?
Finalement, personne ne devrait évidemment jamais vous forcer à quoi que ce soit. Mais il est à mon sens primordial de faire ses choix en conscience, et d’être aligné avec ses valeurs profondes.

En tous cas, si vous vous inscrivez à une retraite de yoga avec moi, vous aurez le privilège de goûter à une cuisine 100% végétarienne, et de voir à quel point cela peut être coloré, savoureux, gourmand, généreux et convivial !!
Je suis curieuse de savoir si votre alimentation a changé ces dernières années, et si le yoga a joué un rôle (aussi infime soit-il) là-dedans ? Dites-moi tout en commentaire !
Je me reconnais totalement dans ton témoignage Sarah. Je me suis définie comme "flexitarienne" pendant qq années et puis il y qq mois j'ai écouté un podcast ("peut on cuisiner des animaux morts" de "vivons heureux avant la fin du monde") et le déclic j'ai décidé d arrêter totalement de manger de la viande (ce qui m'a finalement semble évident entre amour des animaux et conscience écologique!). Mais j'avoue je n'ai pas encore totalement supprimé le poisson de mon alimentation... je ne peux pas dire qu'il y a eu un lien évident avec ma pratique du yoga mais je me suis carrément régalée à la retraite yoga à la montagne avec toi :p