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La vie en ashram đŸ§˜â€â™‚ïž

Photo du rédacteur: Sarah NalletSarah Nallet

DerniĂšre mise Ă  jour : 14 mars 2024


Ecrit en mars 2023


Pour Ă©crire le tout premier article de ce blog, j’ai choisi un emplacement des plus qualitatifs : je me trouve prĂ©sentement sur le toit du dortoir de l’ashram Sivananda, dans le sud de l’Inde (dans le KĂ©rala plus prĂ©cisĂ©ment), seule (enfin presque, un singe vient tout juste de mettre le bazar dans le linge qui sĂšche Ă  cĂŽtĂ© de moi), entourĂ©e par la jungle luxuriante et bercĂ©e le bruit des oiseaux.


J’apprĂ©cie ce moment pour plusieurs raisons :


1/ je suis trĂšs excitĂ©e de me lancer dans l’écriture de ce blog (nous verrons combien de temps cette motivation va tenir ^^)


2/ je me sens trĂšs rock and roll et badass car j’ai exceptionnellement loupĂ© le cours de yoga de cet aprĂšs-midi ET je suis dans un endroit dans lequel il est probablement interdit de s’installer


3/ comme je suis Ă  l’abri des regards (bon sauf le singe mais je ne crois pas que ça l’embĂȘte plus que ça), j’ai fait pĂ©ter le short (ce qui est HAUTEMENT interdit, vous vous en doutez, dans un ashram, mais les 40 degrĂ©s ont eu raison de moi).


Peut-ĂȘtre vous demandez vous ce que je fais ici, dans cet ashram au bout du monde (ou peut-ĂȘtre pas, mais je vais tout de mĂȘme vous dire, et ouais, c’est ça d’écrire son propre blog, je fais ce que je veux) ?


Et bien voilĂ , tout de mĂȘme, cela fait 6 ans maintenant que je suis prof de yoga, mĂ©tier que j’aime au plus haut point, mais voilà
. je n’avais pas encore mis un pied en Inde. Ce qui n’est pas dramatique en soi, non non non, je connais d’excellents profs formĂ©s en France (ou ailleurs), mais voilĂ , j’avais tout de mĂȘme un peu l’impression d’ĂȘtre une sorte de pizzaiolo qui ne serait jamais allĂ© en Italie, ou une crĂȘpiĂšre qui ne connaĂźtrait pas la Bretagne (quoique j’ai dĂ©jĂ  Ă©tĂ© crĂȘpiĂšre et je n’étais jamais allĂ©e en Bretagne – mais passons).


 Cette annĂ©e, la dĂ©cision a donc Ă©tĂ© prise : Ă  moi le pays des Maharajah, des chapatis, des chaĂŻ, des butter massala, des palak paneer, et ah oui pardon, je m’égare
. du Yoga !


Il avait Ă©tĂ© convenu que je retrouve un couple d’amis, AnaĂŻs et Yvan, qui voyageaient dĂ©jĂ  lĂ -bas depuis quelques mois, et qu’aprĂšs quelques jours dans le sud, nous passions deux semaines dans l’ashram Sivananada, Ă  Neyaar Dam.


En bonne Vata que je suis, c’est Ă  dire l’esprit souvent un peu Ă©parpillĂ©e, je sentais que j’avais un grand besoin de me poser, physiquement et mentalement, d’avoir un “cadre”, et surtout, surtout de revenir Ă  une pratique personnelle, lĂ  encore, qu’elle soit au niveau du corps Ă  travers les asanas, ou mĂ©ditative.




L’ashram (du sanskrit ā, venir, et shram, s’exercer, travailler avec ascĂšse) est un lieu de vie communautaire, oĂč se retrouvent des personnes qui suivent l’enseignement d’un maĂźtre (un guru, celui qui apporte la lumiĂšre - mot qui n’a en sanskrit absolument pas le sens souvent pĂ©joratif qu’il peut avoir en France, c’est au contraire un maĂźtre spirituel hautement respectĂ©), pour une durĂ©e qui peut aller de quelques jours (ici le minimum est 3 jours) Ă  plusieurs mois voire 
 toute une vie. J’avais optĂ© pour deux semaines, ce qui me semblait une durĂ©e raisonnable pour avoir le temps de dĂ©connecter (toute une vie me semblant un poil long).

 



Dans cet ashram entourĂ© de palmiers et de moults autres arbres dont je ne connais pas les noms, paysage magnifique et des plus apaisants pour les yeux (malgrĂ© les crocodiles qui- dit-on, peuplent le lac juste en bas), jusqu’à 350 yogis du monde entier se retrouvent pour suivre les enseignements de Swami Sivananda, maĂźtre spirituel dĂ©sormais dĂ©cĂ©dĂ©. Il existe 9 ashrams et 30 centres Sivananda Ă  travers le monde (dont un Ă  OrlĂ©ans, au milieu d’une paisible forĂȘt, vachement plus pratique si vous ne souhaiter pas faire exploser votre bilan carbone). La devise de cet ashram est “ la santĂ© est la richesse, la paix du mental est le bonheur, le Yoga montre la voie”. 


Les journées se suivent et 
 se ressemblent :



5h20 : rĂ©veil Ă  la cloche (extrĂȘmement efficace)

6h : satsang

7h30 : chaĂŻ

8h : asanas (yoga postural)

10h : déjeuner

12h30 : coaching optionnel (en méditation, chant ou asanas)

14h : cours de philo

15h30 : asanas 

18h : dĂźner

20h : satsang




En plus de ce programme (dĂ©jĂ  fort chargĂ©, vous en conviendrez), tout le monde participe Ă  la vie de l’ashram, grĂące Ă  1h de karma yoga (service dĂ©sintĂ©ressĂ©). Cela peut ĂȘtre nettoyer les parties communes, servir les repas ou le thĂ©, installer les salles de pratiques. Pour ma part, j’ai plutĂŽt eu de la chance, car je “travaillais” Ă  la Health Hut, le petit “cafĂ©â€ (sans cafĂ©) de l’ashram, et je passais donc mon temps Ă  prĂ©parer des jus de fruits tropicaux dĂ©licieux (papaye, noix de coco, grenade, ananas,
), et me dĂ©vouais allĂšgrement pour finir les surplus ou erreurs de commande (hĂ©hĂ©hĂ©).  







Les pratiques, comme les journĂ©es, suivent elles aussi une structure bien particuliĂšre et immuable: 12 salutations au soleil, suivies de 12 postures (avec des minis savasana entre quasi chaque posture). Cela a un cĂŽtĂ© extrĂȘmement rassurant et reposant, car on “sait” ce qui arrive ensuite (comme en ashtanga ou bikram, qui ont chacun leurs sĂ©ries propres)
 mais parfois (il faut bien l’avouer) un poil lassant aussi. Tout de mĂȘme, j’ai trouvĂ© cette sĂ©rie trĂšs bien construite et agrĂ©able Ă  pratiquer, et cela m’a mĂȘme rĂ©conciliĂ©e avec le Hatha yoga, que je boudais un peu depuis quelques annĂ©es ! 




Les repas sont pris par terre, dans le dining hall, Ă  raison de deux par jour (aprĂšs la pratique du matin et de l’aprĂšs-midi), rythme qui est pour moi idĂ©al, mais que je n’arrive malheureusement jamais Ă  conserver en France, car mon emploi du temps de cours diffĂšre chaque jour, et qu’il est rare d’arriver Ă  motiver son copain / ses amis de rĂ©server un resto Ă  18h ^^. J’ai donc beaucoup apprĂ©ciĂ© le rythme ici (qui est aussi celui que l’on suit gĂ©nĂ©ralement en stage de yoga). J’ai Ă©galement pu apprendre Ă  manger correctement avec les doigts grĂące Ă  la technique du pouce-qui-pousse, et je dois dire que cela Ă  un cĂŽtĂ© assez jouissif de dĂ©guster ainsi sa nourriture.


La nourriture justement, parlons-en !


L’ashram Ă©tant aussi un lieu de cures ayurvĂ©diques, les repas sont des plus sattviques ( = pur, sain), et donc vĂ©gĂ©tariens, mais Ă©galement sans ail ni oignon, peu salĂ©s, peu Ă©picĂ©s (et non pimentĂ©s).

En terme de quantitĂ©, aucun problĂšme pour les gourmands, on peut se resservir Ă  volontĂ© ! Pour les gourmets, je dois dire que j’étais un peu partagĂ©e : la cuisine est certes dĂ©licieuse, Ă©quilibrĂ©e, pleine de vitamines, mais 
 parfois un peu trop “sage”. J’avais envie de folie, de passion, d’aventure
 d’épices quoi ! De l’Inde telle qu’on me l’avait vendue, avec du feu dans ma bouche !

Mais la cuisine ayurvĂ©dique est plutĂŽt soft de ce cĂŽtĂ©-lĂ , ce qui peut aussi ĂȘtre rassurant si vous ĂȘtes frileux.se par rapport Ă  ça justement ! Dans ce cas, pas d’inquiĂ©tude, vous pourrez vous rĂ©galer sans crainte !




L’une de mes parties prĂ©fĂ©rĂ©es de la journĂ©e Ă©tait sans conteste les satsang.

Ce sont des moments pendant lesquels tout le monde se retrouve pour mĂ©diter, chanter, et Ă©couter des lectures / partages philosophiques. Cela durait 1h30, chaque matin et chaque soir. Les chants de mantras (qui font partie du bhakti yoga, yoga de la dĂ©votion), tout particuliĂšrement, m’ont touchĂ©e, fait vibrer, et redonnĂ© de l’énergie les jours oĂč j’en manquais un peu. Entendre tout le monde chanter, frapper dans ses mains, accompagnĂ© de multiples instruments, waouh !





Comme mentionnĂ© plus haut, parmi les raisons pour lesquelles je m’étais inscrite Ă  cet ashram, l’envie de ralentir, revenir Ă  une pratique personnelle, enrichir mon enseignement Ă©videmment, mais  aussi, un grand besoin de calme. Quoi de mieux pour cela qu’un cocon hors de la ville et des heures Ă  mĂ©diter ! Il y a quelques annĂ©es, j’avais fait une retraite Vipassana, 10 jours de mĂ©ditation totalement silencieuse, pendant laquelle on Ă©vite mĂȘme de croiser le regard des autres participants. Évidemment, pas de tĂ©lĂ©phone portable, ni mĂȘme de quoi Ă©crire. Les 10 jours sont consacrĂ©s entiĂšrement Ă  la mĂ©ditation, Ă  raison de 10 heures par jour (oui c’est un peu intense). Et je m’attendais un peu Ă  retrouver cette ambiance trĂšs calme et silencieuse ici, et je dois dire que 
. cela n’a pas vraiment Ă©tĂ© le cas. 


Les repas sont censĂ©s ĂȘtre pris en silence, silence qui est aussi conseillĂ© du soir (aprĂšs la fin du satsang), jusqu’au matin (aprĂšs le satsang Ă©galement). Sauf que 
 rares sont les personnes qui le respectent ! MĂȘme chose pour l’usage des tĂ©lĂ©phones qui Ă©tait censĂ© ĂȘtre limitĂ© dans les dortoirs:/.


Je crois que c’est souvent ce qui arrive quand les choses sont « proposĂ©es » et non « imposĂ©es »  c’est difficile de s’auto-discipliner, et il suffit que quelques-uns prennent des libertĂ©s, pour qu’on ait tous envie de le faire aussi (moi la premiĂšre). 



Mais Ă©tant donnĂ© que j’avais VRAIMENT envie d’introspection pendant ce voyage et ce temps Ă  l’ashram, nous avons dĂ©cidĂ©, AnaĂŻs, Yvan et moi, de passer 3 jours en silence. Pour cela, rien de plus simple, on rĂ©cupĂšre un badge « in silence » Ă  la rĂ©ception, et pouf, d’un coup, tout change ^^. C’est comme si on n’avait une sorte de cape d’invisibilitĂ©, bon qui ne vous rend pas du tout invisible (dommage), mais qui vous permet d’ĂȘtre lĂ , au milieu des gens, mais en mĂȘme temps, d’ĂȘtre comme protĂ©gĂ© dans une petit bulle. Personne ne vient vous parler, car tout le monde respecte le petit badge jaune qui orne votre tee-shirt, et pour la personne pleinement ambivertie que je suis, c’est un peu le bonheur. Ambi-quoi (oui je viens de dĂ©couvrir ce terme) ?

Ambiverti.e : « Personne qui a tendance Ă  ĂȘtre stimulĂ©e par le fait de passer du temps seul.e, et par le fait d’ĂȘtre en prĂ©sence d’autres personnes ».

Bon en gros, ni totalement introvertie, ni totalement extravertie, je suis un peu au milieu du spectre quoi. Mais c’est vrai que j’apprĂ©cie souvent ĂȘtre entourĂ©e de gens, mais travailler seule (d’oĂč mon amour pour aller bosser dans un cafĂ©) (le lieu, pas la boisson). 


J’hĂ©site carrĂ©ment Ă  utiliser ce badge Ă  mon retour en France. J’ai trouvĂ© cela trĂšs facile de passer ces 3 jours en silence, peut-ĂȘtre parce que j’avais dĂ©jĂ  fait 10 jours de Vipassana (les fameux 10 jours en silence donc). Bon aprĂšs Ă©videmment
. Ce qui Ă©tait facile, c’était de ne pas parler aux autres. Pour ce qui est de ne pas se parler Ă  SOI
. On repassera ^^. 


Et puis je dois quand mĂȘme avouer que l’expĂ©rience Ă©tait un peu difficile Ă©galement pendant mon heure quotidienne de karma yoga, car j’étais parfois bien obligĂ©e de communiquer (silencieusement certes, mais communiquer quand mĂȘme, par geste ou autre) pour savoir quelles commandes je devais faire ou demander Ă  quelqu’un de m’ouvrir une noix de coco Ă  la machette (j’avoue ne pas avoir rĂ©ussi Ă  dĂ©bloquer ce skill pourtant ĂŽ combien stylĂ©).



A l’issue de ces deux semaines, le bilan est donc CLAIREMENT positif ! Ma seule interrogation c’est : quand vais-je pouvoir recaler du temps pour y retourner, ici ou dans un autre ashram !


Car il existe de nombreux lieux tels que celui-ci pour vous ressourcer, lieux que vous pouvez d’ailleurs retrouver dans l’excellent livre Ashrams, de Yael Bloch, qui est une mine d’informations concernant les ashrams en Inde principalement (mais il existe aussi une liste des ashrams en France).


J’ai aimĂ© :

- les sastang

- les pratiques posturales

- l’ambiance gĂ©nĂ©rale et les gens venant du monde entier

- la beauté du lieu 

- la nourriture (pour son coté sain, et le fait de manger avec les doigts !)

- les cours sur la philo du yoga (mĂȘme si  mon esprit critique a parfois étĂ© titillĂ© par certains points)

- les pratiques bi-quotidiennes de méditation en silence

- les smoothies tombés du camion de la Health Hut (mais chut !)



J’ai moins aimĂ© :

- le silence pas vraiment respecté

- le rythme parfois un peu trop soutenu (difficile de faire TOUTES les activités proposées)

- la nourriture (pour son cĂŽtĂ© parfois un peu trop sain et manquant d’épices)

- ne pas avoir pu profiter des massages proposés sur place car tout avait été booké en avance par un groupe !


Si vous souhaitez vous inscrire pour un séjour dans l'ashram Sivananda d'Orélans, c'est ici, et celui dans le lequel j'ai passé mon séjour en Inde, juste là !


Je suis curieuse d'avoir vos retours, avez-vous déjà séjournée dans un ashram, ou avez-vous envie de le faire :) ?? Dites-moi tout ci-dessous !!


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©2023 par Sarah Nallet

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